Vivement la retraite !
Vivement la retraite !
La retraite … un Graal ou un naufrage ? Ni l’un ni l’autre en vérité. Il vous faudra cependant vous préparer soigneusement à cette transition et vous devrez soigneusement évaluer vos options dans les dix-huit mois précédant la date fatidique. Certaines institutions organisent des séminaires de préparation, mais ce n’est pas la règle générale, et ces séminaires sont inaccessibles au personnel de terrain.
La première question portera sur le lieu où vous choisirez de vivre. La question est cruciale pour les expatriés dont le rapport avec la mère patrie s’est étiolé au fil des ans. Si l’auteur de ce papier - retraité depuis dix ans - peut hasarder une opinion, les principaux critères sont : la famille, les amis, la culture, les facilités médicales, le climat, le coût de la vie, la sécurité et les infrastructures et services publics. Au risque de surprendre le lecteur, nous n’attribuerons qu’une importance relative à la fiscalité. Nous savons tous qu’il existe deux fatalités dans l’existence : la mort et les impôts. Il est parfois possible de reculer le moment du grand départ, mais les sommations du percepteur n’attendent pas. Comme il existe dans les pays respectables un mouvement irréversible vers l’harmonisation des fiscalités, nous conseillons à nos collègues de s’informer sérieusement. L’Association Coopérative Financière des Fonctionnaires Internationaux (AMFIE), exige d’ailleurs de ses sociétaires qu’ils soient en règle avec les lois fiscales de leur pays de résidence tant pour des raisons règlementaires que pour leur propre tranquillité.
Financièrement vous devrez apprendre à vivre sur un moins grand pied. Si vous avez accompli une carrière relativement longue aux Nations-Unies ou dans une institution inter-gouvernementale offrant des contrats “solides”, vous jouirez probablement d’une retraite décente. Au moment de remplir leurs documents de départ, les cotisants au Fonds de Pension des Nations-Unies devront choisir entre la retraite en dollars et le “local track”. Pour ceux qui n’ont pas de liens avec les Etats-Unis, ou avec un pays à l’économie “dollarisée”, une retraite en dollars U.S. n’a pas grand intérêt. Afin de se ménager une certaine flexibilité monétaire, nous recommandons aux futurs retraités d’ouvrir un compte multi-devises, tel celui en sept monnaies majeures offert par l’AMFIE, dont la tenue est gratuite, les taux de change extrêmement favorables et la gestion par internet simple et sécurisée depuis n’importe quel pays.
La seconde condition d’une survie harmonieuse, sera de trouver de l’occupation dès que vous serez réinstallé. Ceux qui ne voient dans la retraite que sieste et canapé s’exposent à un déclin accéléré. Ne perdez jamais de vue que la télévision ou l’internet à haute dose sont des poisons. Le jardinage, le bricolage et la garde des petits-enfants sont des activités estimables mais tout le monde n’a pas la vocation idoine. Avant donc de quitter votre organisation, livrez-vous à un réseautage intensif en vous assurant de laisser un bon souvenir derrière vous. La déstructuration en cours des institutions internationales, mandatée par les états-membres, contraint au départ un nombre croissant d’employés sous contrats non-renouvelables. Quoi de mieux pour combler les trous que des retraités en pleine forme pour des missions temporaires ? Sachez seulement que vous ne pourrez être rémunéré (que par per-diem) pendant les douze mois suivant votre date de départ.
Si malgré cela votre ancien employeur parvient à survivre sans vous, sachez qu’il existe des milliers d’associations et qu’il y en a forcément à proximité qui ont besoin de vos services. La demande en bénévoles est illimitée dans les secteurs sociaux, éducatifs, sportifs, culturels etc… Cependant, ne vous engagez qu’avec humilité: votre brillant C.V. de fonctionnaire international ne vous donne aucune supériorité sur vos camarades bénévoles aux états de service plus modestes.
Dans les mois précédant votre “pot de départ” (agrémenté des hommages plus ou moins sincères de vos collègues), distancez-vous de vos tâches quotidiennes et documentez-vous sur les questions évoquées dans ce papier. Dans ces conditions, la transition fatidique se déroulera sans traumatisme. Un retraité bien préparé est un retraité heureux.
Jean-Pierre Cébron
Administrateur de l’AMFIE.